Archives de catégorie : opinion

Appel / Mobilisation

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Alignement des planètes, faux départ pour la FWB ?

 Les fédérations professionnelles d’auteurs, d’artistes, de techniciens et de producteurs, unanimes, s’alarment d’un décrochage annoncé du budget 2024 de la création et de la production cinéma et audiovisuel de la FWB ; elles rappellent la responsabilité essentielle de la FWB, notamment en amont de leur filière.

 L’Union européenne, soucieuse des publics, de la diversité culturelle et de son autonomie économique, fait du financement d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles diversifiées une de ses priorités. Elle a construit avec la Directive « TVSF » (1989) un moteur important mis au service des Etats membres.

En Belgique, la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB) a été dès l’origine un acteur majeur de cette politique européenne, depuis notamment le sommet des Ministres de la Culture tenu à Mons, sous la présidence d’Elio Di Rupo et l’Administration d’Henry Ingberg. 
Cela a formé une socle solide, sur lequel s’est construit tout notre système de soutien en matière de création et de production.

La FWB continuera ensuite à jouer ce rôle en soutenant fortement, en 2018, et avec succès, une modernisation de la Directive TVSF (renommée en « SMA »[1]), pour notamment étendre les effets des quotas d’investissements dans la création et la production audiovisuelle aux opérateurs extérieurs aux pays ciblés par leurs services de médias. Une réforme ambitieuse du Décret SMA (l’adaptation de la Directive en FWB) est d’ailleurs en voie d’être adoptée, appuyée par un avis sans équivoque du CSA qui a rappelé toute l’importance de s’inscrire pleinement dans le contexte européen, francophone et belge.
La FWB a aussi renforcé en 2022 de façon très significative sa dotation à la RTBF pour les 5 années à venir et partiellement ajusté le budget de la Commission du Film du Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel[2] confronté à la crise sanitaire désastreuse, à une hausse brutale des coûts et à une explosion du nombre de projets soumis.

 L’ Etat fédéral, les Régions et les pouvoirs locaux appuient, quant à eux, cette politique commune par des dispositifs nécessaires comme le tax shelter, les fonds régionaux, st’art, ou des initiatives locales de diffusion ou de soutien aux cinémas de qualité.

 On pouvait donc attendre que la FWB poursuive son travail de réindexation minimale et au-delà d’alignement des planètes proposé par le secteur et le CSA, prenant appui sur les acquis, récents et plus anciens, pour ouvrir une nouvelle phase de la construction de sa filière cinématographique et audiovisuelle, comme cela avait été discuté en profondeur durant les derniers mois.

 Nous nous réjouissions d’apprendre, par ailleurs, que d’autres secteurs, comme les arts de la scène, également confrontés à de nouveaux défis et des indexations qu’il s’agissait de financer, allaient pouvoir compter sur un refinancement important. Cela nous donnait la conviction que le gouvernement avait bien pris la mesure des enjeux en cours dans notre secteur également.

 Nous apprenons aujourd’hui que, dans son avant-projet de décret budgétaire 2024, la FWB n’a prévu aucun moyen pour indexer et construire cette politique, tout aussi légitime et importante que celle engagée dans d’autres secteurs culturels. Pire, la dotation de la FWB au Centre du cinéma et de l’audiovisuel pourrait régresser en 2024 ! 

 Or, s’il est affaibli, c’est toute la filière qui en pâtira, la qualité et la diversité de la création mais aussi toute l’économie de la production déjà à bout impactée par les crises récentes.

Une même stupeur avait déjà saisi les écrivain·es, qui ont décrit le traitement réservé au secteur des lettres comme  « une incompréhensible et douloureuse contradiction ».

 Nous, auteurs, autrices, scénaristes, artistes-interprètes, techniciens et techniciennes, réalisateurs.trices-producteus.trices, producteurs et productrices et autres travailleurs et travailleuses de la filière cinéma/audiovisuel souhaitons, toutes et tous unis, nous élever contre cet avant-projet de budget, et le décrochage qu’il manifeste.

Comment le gouvernement et les partis de la majorité peuvent-il littéralement tourner le dos à ce qu’ils avaient bâti ces derniers mois?

Nous demandons donc :
1) d’être reçus par le Gouvernement et les présidences de parti de la majorité et de l’opposition au plus vite ;
2) que le Gouvernement de la FWB, et la majorité PS/MR/ECOLO qui le soutient, ne renonce pas au projet d’aligner vraiment les planètes, adapte son projet de décret budgétaire 2024 pour mettre en œuvre le plan de développement qui a été établi pour les années 2024 à 2028, et contribue, au lieu de le brider, à développer de notre filière si important pour le rayonnement de notre culture, et pour toutes les retombées économiques qu’il génère, en termes d’emplois, de création de valeur ajoutée, et de recettes fiscales.

Signatures des Fédérations professionnelles
Hors Champ
ARPI
ARRF
SACD
Scam
UPFF
Pro spere
ABRACA
Sabam

*Pour signer la pétition vous pouvez envoyer un mail à horschampbelgique@gmail.com

[1] https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/audiovisual-media-services-directive-avmsd.html 
[2] Dotation du budget de la Commission du film 2013 : 10,5 millions d’euros, Dotation 2019 : 9,5 millions d’euros, dotation 2022 : 11,3 millions d’euros, soit une augmentation (en 2022) de 7,6 % pour 24 % d’inflation

 

Durabilité dans le cinéma belge francophone Enquête à destination des travailleur.euse.s du cinéma et de l’audiovisuel

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Toute l’équipe d’Hors Champ et ses collaborateur.rices, en partenariat avec le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel, ont le plaisir de vous partager une enquête à propos de l’impact des enjeux de durabilité sur nos pratiques professionnelles qui permettra de récolter des données inédites dans le cinéma belge francophone.

Il s’agit d’un questionnaire anonyme à destination des travailleur.euse.s du cinéma et de l’audiovisuel : équipes techniques et artistiques, qui a pour but de faire un état des lieux en recueillant vos expériences de tournage et de post production. À l’heure où la question de l’éco-production est d’actualité sur les plateaux et dans les studios, nous vous invitons à exprimer vos ressentis, vos opinions et vos suggestions. Vos témoignages sont précieux !

N’hésitez pas à relayer à toustes les technicien.ne.s et équipes artistiques de votre entourage. La diversité de nos expériences fera la richesse de cette enquête. Le questionnaire est ouvert jusqu’au 17 août.

Lien ici : ENQUÊTE HORSCHAMP 
 
Nous vous remercions d’avance pour le temps que vous consacrerez à ce questionnaire, première étape indispensable du projet participatif Hors Champ Durabilité qui se déploiera dans les mois à venir.  

Artistes (et techniciens) au centre ?

Vraiment ?

la-vie-dartiste-recadreIllustration Catherine B. – Tous droits réservés – Reproduction interdite

   Événement de clôture de l’opération Bouger les Lignes, ce vendredi 3 février au Rockerill de Charleroi.

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Hors Champ ayant activement participé à cette première coupole « Artistes au centre »,  était présent afin de s’assurer de la mise en œuvre des priorités dégagées.

Petit résumé du discours d’Alda Greoli :

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Magritte / Carte Blanche dans le Vif

Hors Champ se réjouit de ce week-end de fête du cinéma belge, et se prend à rêver qu’elle reçoit un Magritte!  Notre carte blanche est publiée par Focus / Le Vif : http://focus.levif.be/culture/cinema/carte-blanche-comment-se-porte-vraiment-le-cinema-belge/article-opinion-608765.html

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Comment se porte vraiment le cinéma belge ?

Le samedi 4 février prochain aura lieu la 7e cérémonie des Magritte du Cinéma, cette joyeuse fête strass et paillettes du cinéma belge.

Chez Hors Champ, association des métiers du cinéma et de l’audiovisuel (www.horschamp-asbl.be), nous avons imaginé remporter un prix spécial pour notre engagement en faveur de meilleures conditions de travail. Voici notre discours…en avant-première :

« Merci, merci beaucoup… Je remercie mes parents, mon poisson rouge, l’État belge qui m’a permis de me former aux métiers du cinéma. Je remercie aussi mes collègues.

Plus sérieusement. J’entends beaucoup parler du cinéma belge qui se porte bien. Mais qui dit ça ? Qui pense ça ? Pas moi en tous cas.

Certes notre petit pays fait ce qu’il peut pour se ménager une place aux côtés des « grands », ceux qui possèdent encore une industrie dans ce secteur qu’est le cinéma. (Et, par les temps qui courent, une industrie ça devient rare…). Pourtant le doute n’est pas permis, les talents belges sont là ! Les films sortent nombreux. La FWB a soutenu en 2015, à différents stades de leur développement, 51 longs-métrages de fiction, 31 courts-métrages, 47 documentaires…

Je sais que tous ces films n’ont pas des budgets mirobolants. Je respecte les auteurs qui portent à bout de bras leur projet, sans être eux-mêmes rémunérés, et qui se battent pour financer et réaliser leur projet. Je sais qu’il faut soutenir les « petits » films pour garantir une pluralité, mais à quel prix ? Au prix de notre main d’œuvre ! Au prix de notre travail ! De votre travail, du mien, du nôtre. Ce travail qui n’est pas rémunéré à sa juste valeur. Continuer la lecture de Magritte / Carte Blanche dans le Vif

Il y a des priorités plus urgentes qu’une « Académie des médias »

Nous, Hors-champ, tenons à réagir ici à l’ article paru dans le Soir du 03/12/2016 (Supplément « Références ») sous le titre: « Doper la formation à l’audiovisuel. »

Que dit l’article de « Références » ?

Extraits : « (…) le secteur audiovisuel a le vent en poupe (…) un des secteurs parmi les plus actifs et dynamiques de l’économie (…) le nombre d’entreprises actives dans le secteur est ainsi passé de 689 en 2011 à plus de 900 en seulement deux ans (…) 46% des travailleurs dans le domaine sont répartis dans les quatre plus grosses sociétés audiovisuelles belges (VRT,RTBF, Medialaan et RTL Belgium) »

Ce bel enthousiasme est porté par Jan Vermoesen, directeur de Mediarte, fonds social du secteur audiovisuel. Celui-ci vient d’obtenir une dotation supplémentaire pour créer un ou deux postes dans ses bureaux. Mediarte est aussi porteur du projet « Académie des médias », dont le budget serait estimé à 600 000€. Une version flamande existe déjà et Jan Vermoesen espère bien développer un projet similaire pour les francophones. Elle proposerait des formations sur les métiers de l’audiovisuel.

L’emploi : statistiques et travailleurs intermittents

Pour chiffrer l’emploi dans un secteur, les médias utilisent souvent la notion d’équivalent temps plein (ETP). Mais en réalité, une grande partie des travailleurs sont intermittents, et échappent aux radars statistiques.
Mediarte parle, dans son rapport ayant pour titre « Le secteur audiovisuel chiffres 2015 », de 11.095 ETP dans le secteur audiovisuel pour toute la Belgique. Un peu moins de la moitié (46% donc) travaille pour les chaînes de télé; Mais on sait que ces entreprises audiovisuelles ont de plus en plus recours à des contractuels (renouvelables ad vitam). Aucun chiffre ne clarifie le rapport entre le nombre de contractuels et de temps plein réels. Continuer la lecture de Il y a des priorités plus urgentes qu’une « Académie des médias »

Opinion : Les « artistes » sont des travailleurs (presque) comme les autres

En réaction à un article franchement mensonger, paru sur Bruzz.be ce 9 décembre (N-VA : « Beaucoup d’artistes bruxellois ont droit à des allocations de chômage ») voici ma réaction argumentée. Parce qu’il ne faut pas laisser raconter n’importe quoi….

Depuis, Bruzz a sorti un article plus nuancé ce 14/12, sans doute en réaction aux réactions suscitées par le premier…. Article traduit par daardaar.be (et repéré par Marie Chaduc) : Non, les artistes ne dilapident pas l’argent public

De vraies infos sur le « statut d’artiste » sur le site du Guichet des Arts : http://www.guichetdesarts.be/ressource/ressource-a-3/


Opinion : Les « artistes » sont des travailleurs (presque) comme les autres

Non seulement ce mandataire N-VA dit des grosses bêtises, mais en plus le journaliste ne fait pas son travail : vérifier les faits, et apporter un éclairage alternatif, pour tendre à l’objectivité. Cet article est une tribune pour la N-VA, pas du journalisme !

 Cet article est truffé de contre-vérités et d’omissions :
 
1. Les artistes (et les techniciens) ne sont pas des chômeurs. Ce sont des travailleurs intermittents.
 
2. Dire que « le statut d’artiste offre des allocations de chômage » est faux. Il n’est dit nulle part dans cet article que l’accès aux allocations de chômage est exactement le même pour les artistes que pour tous les travailleurs salariés (312 jours de travail sur 21 mois pour les moins de 36 ans, 468 jours en 33 mois de 36 à 49 ans, 624 jours en 42 mois à partir de 50 ans). Il faut le souligner : les intermittents du secteur culturel travaillent dur pour accéder aux allocations de chômage, comme tout le monde, point.
 
3. Dixit : « le même montant d’allocations est maintenu plus longtemps parce que le statut d’artiste n’est pas exempté du caractère dégressif des allocations. »
Alors là c’est une faute de grammaire : double négation = affirmation.  La non-dégressivité est bien le cœur du « statut » : les maigres allocations ne diminuent pas après un an, c’est ce qu’on appelle la « protection de l’intermittence », ou « période protégée ».  Pour rappel, pour accéder à cette « période protégée », il faut à nouveau prouver 156 jours de travail sur 18 mois, dont au moins 104 dans des activités artistiques ou «techniques dans le secteur artistique». Cette condition, introduite par la réforme du « statut » de 2014, a interdit l’accès à la « protection de l’intermittence » à de nombreux artistes et techniciens.
 
4. Dixit : « Un nouveau resserrement des règles est nécessaire. »
Alors là, on est bien dans l’air du temps, dans la post-vérité. La N-VA fait de la démagogie sur le dos des intermittents, en essayant de faire croire que les artistes sont des profiteurs.
Comme si la réforme de 2014 ne suffisait pas ?  Cette réforme de 2014, qui a drastiquement durci les conditions pour accéder au « statut », empêche souvent les jeunes d’accéder à la protection de l’intermittence.  Ces jeunes professionnels, doublement précarisés par la nature intermittente de nos métiers, et par l’impossibilité d’accéder au « statut », sont en grande difficulté.  Une génération sacrifiée sur l’autel de l’austérité ?
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Nicolas Simon